Camille Ernst

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Camille Ernst
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Fonctions
Préfet d'Ille-et-Vilaine
-
Préfet des Alpes-Maritimes
-
Préfet de Seine-et-Marne
-
Préfet d'Alger
-
Préfet de l'Aisne
-
Préfèt des Ardennes
-
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Charles Félix Marie Camille ErnstVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Faculté de droit et des sciences économiques de Paris (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Activités
Autres informations
A travaillé pour
Membre de
Distinctions
Archives conservées par
Archives nationales (19920076/10)[1]Voir et modifier les données sur Wikidata
Plaque commémorative

Camille Ernst, né le à Sélestat et mort le dans le 13e arrondissement de Paris[2], est un haut fonctionnaire et préfet français.

Issu d'une famille alsacienne catholique, il fut successivement enseignant, sous-préfet, secrétaire général de préfecture dans le sud de la France après avoir été expulsé par les Allemands de la zone occupée, puis préfet à la Libération.

Mais il a surtout marqué les esprits par son engagement patriotique et humanitaire durant la Seconde Guerre mondiale : résistant et déporté, désigné Juste parmi les nations pour les nombreuses vies qu'il a sauvées.

Parcours dans l'administration française jusqu'à l'Occupation[modifier | modifier le code]

Il fait ses études aux lycées de Haguenau puis à Strasbourg et à Paris.

Enseignant, en 1924, il est professeur de lettres et langues vivantes à l'École alsacienne à Paris.

En 1928, il s'oriente dans l'administration française et est nommé le sous-préfet d'Erstein. En 1936 il quitte l'Alsace pour l'Orne, toujours comme sous-préfet, puis en 1939 pour la Meuse.

Lors de la débâcle de mai-, il est en poste à Bar-le-Duc. Il y subit l'occupation allemande. Il exprime son refus de la défaite, en encourageant la population à la résistance passive et en entravant ou gênant chaque fois que possible l'action des occupants.

Le , il met le drapeau tricolore en berne à la Préfecture, refuse de le retirer malgré les injonctions[3], et invite la population à se rassembler devant le monument aux morts. Les autorités militaires allemandes procèdent à son arrestation. Il est traduit devant un conseil de guerre et condamné à huit jours de prison et à une amende. À l’expiration de sa peine, ses biens sont confisqués et il est expulsé de la zone occupée vers la zone dite libre[4].

Actions de résistance à Montpellier[modifier | modifier le code]

Le gouvernement de Vichy le nomme en secrétaire général de la préfecture de l’Hérault, à Montpellier.

Le , il sauve la vie d'un juif allemand détenu à la maison d’arrêt de Montpellier, par un courrier le plaçant, de façon bien théorique, en « résidence obligatoire » à Pézenas.

Lorsqu’en 1941 les premières mesures d’internement sont mises en vigueur à l’encontre des Juifs à la charge du département. Il ne donne pas de suite aux instructions reçues et prévient les responsables de la communauté juive lorsque des arrestations et des rafles sont décidées.

En , il délivre un ordre de mission d’ouvrir un foyer d’accueil à Millau, dans l’Aveyron, pour les Juifs étrangers qui devaient quitter le département côtier de l’Hérault. De nombreuses personnes, femmes, hommes et enfants, y sont ainsi transférés et répartis dans une région moins exposée, pendant quelques mois, aux persécutions.

En 1942, il commence à tisser des liens avec des organisations de Résistance locale. En juillet de la même année, il adhère au réseau « Famille Martin »[5]. C'est un mouvement de résistance créé à Marseille par des réfugiés alsaciens.

En , la France est désormais totalement occupée. Camille Ernst organise le camouflage de stocks d’armes, et de tous les moyens pouvant être utiles à une lutte armée. Il facilite le passage de nombreux jeunes gens vers l’Espagne, d’où ils peuvent rejoindre l’Afrique du Nord. Il délivre de fausses cartes d’identité à des centaines de personnes : prisonniers, évadés alsaciens et luxembourgeois ayant déserté l’armée allemande, étrangers ayant servi dans la Légion Étrangère, juifs menacés d’être arrêtés et déportés[6].

Camille Ernst continue à prévenir les responsables des opérations de police dirigées contre leur communauté, lorsqu'il en a connaissance. Il facilite la libération de centaines d’enfants juifs internés dans des camps du sud de la France, en délivrant des certificats de résidence, et en s'assurant de leur prise en charge dans diverses institutions, parrainées par les organisations de secours juives, en relation notamment avec le grand Rabbin Henri Schilli et avec le président du Consistoire du Bas-Rhin, Charles Ehrlich.

En , les autorités de Vichy font arrêter Camille Ernst, à la demande du chef de la Gestapo de Montpellier, qui a remonté la filière de production de fausses cartes d’identité. Relâché au bout de huit jours, il est relevé de ses fonctions par le ministre de l’intérieur.

En , il est reclassé comme conseiller de préfecture à Marseille et détaché, en cette qualité, à partir du 1er août, dans les fonctions de directeur des services administratifs de la ville de Marseille. Il poursuit son action au service de la Résistance.

Le , il est arrêté à la sortie de l’hôtel de ville par le chef de la section politique de la Gestapo. Il est détenu à la prison des Baumettes, construite peu avant la guerre.

Le , il est transféré au camp de Compiègne. De ce camp de transit, il est, le , déporté en Allemagne, au camp de concentration de Dachau puis à un camp de travail proche, dont il est délivré par les troupes américaines le .

Retour à la préfectorale[modifier | modifier le code]

Il reprend, après la guerre, son parcours préfectoral.

Il occupe successivement les postes de Préfet des Ardennes, succédant à Georges Rastel, de 1945 à 1946. L'aide aux populations et la mise en place d'un approvisionnement régulier, ainsi que la consolidation du régime républicain dans le cadre du Gouvernement provisoire de la République française, restent toujours d'actualité.

Puis il est nommé préfet de l’Aisne en 1946 et 1947. Et préfet d’Alger de 1947 à 1950. Un de ses rapports adressé au Ministère de l'Intérieur décrit alors en détail le fonctionnement de ce qui n'est encore que l'OS (« Organisation spéciale »)[7], en attendant de devenir le Comité révolutionnaire d'unité et d'action (CRUA), mouvement fondé quelques années plus tard et à l'origine du déclenchement de la guerre d'indépendance de l'Algérie.

Il revient en métropole comme préfet de Seine-et-Marne de 1950 à 1953, des Alpes-Maritimes pour deux années également, et enfin, le , d’Ille-et-Vilaine, où il exerce aussi une mission au plan régional d'inspecteur général de l’administration en mission extraordinaire, Igame en abrégé. Ces igames préfigurent les futurs préfets de région, et leur territoire correspond à une région militaire[8].

À la fin de sa carrière, il occupe à partir de la fonction de directeur général des affaires politiques et de l’administration du territoire, au Ministère de l’Intérieur[8]. Placé à sa demande en congé spécial en 1963, il est admis à la retraite et nommé Préfet honoraire en [9]. Quelques mois après ce passage en retraite, il soutient publiquement, avec une soixantaine de personnalités Compagnons de la Libération ou médaillés de la Résistance la candidature de Charles de Gaulle à l'élection présidentielle française de 1965[10]. Il préside pendant quelque temps la société du pipe-line Méditerranée-Rhône.

Samuel Pisar, le citant parmi les « grands commis de l’État qui ont démontré qu'on pouvait servir sans compromission, sans ignominie », précise à ce sujet : « Ce qui est frappant, c'est de constater combien le devoir d'homme a imprégné les devoirs du fonctionnaire, le devoir moral de désobéissance. On parle beaucoup en France du civisme. Quelle extraordinaire leçon est révélée par les actes de ces Justes ! ». Il meurt à Paris en 1983[11].

Engagement pour la langue bretonne[modifier | modifier le code]

Il est cité comme membre de la Fondation culturelle bretonne en 1957[12].

Honneurs[modifier | modifier le code]

Hommages[modifier | modifier le code]

Bibliographie[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « http://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/UD/FRAN_IR_001514/d_707 »
  2. Archives en ligne de Paris 13e, année 1983, acte de décès no 2133, cote 13D 510, vue 15/31
  3. Michel Michel, Vichy 1940, R. Laffont, 1966, 463 pages, page 418
  4. Inauguration d'un square Camille Ernst à Montpellier en 2010 - Rappel sur Camille Ernst sur le site "les gens de Montpellier"
  5. Henri Noguères, Marcel Degliame-Fouché, Jean Louis Vigier, Histoire de la Résistance en France, de 1940 à 1945, R. Laffont, 1967
  6. Discours prononcé par M. Cyrille Schott, Préfet de la Région Languedoc-Roussillon, préfet de l’Hérault le 16 juillet 2008, à la Préfecture de Montpellier
  7. Georges Chaffard, Les Carnets secrets de la décolonisation, vol. 1, Calmann-Lévy, , 785 p..
  8. a et b Rédaction LM, « Dans l’administration préfectorale », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  9. Rédaction LM, « Dans le corps préfectoral », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  10. Rédaction LM, « Nouvelles prises de position », Le Monde,‎ (lire en ligne)
  11. « Camille Ernst », sur le site judaisme.sdv.fr
  12. « 1991.6.4. Journée de la langue bretonne - 30 mai 1957 Musée départemental breton », sur musee-breton.finistere.fr (consulté le )
  13. Site Mémoire des Hommes
  14. Site du Comité français pour Yad Vashem.
  15. « lieux de mémoire », sur yadvashem-france.org (consulté le )
  16. « lieux de mémoire », sur yadvashem-france.org (consulté le )
  17. « lieux de mémoire », sur yadvashem-france.org (consulté le )

Voir aussi[modifier | modifier le code]